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nevermore14.jpgIl fait froid. Des froids que l’on n’oublie pas. Qui glacent le sang au premier réveil de la brume. La maison n’est plus qu’un tas de ruines, une respiration maladive, à l’orée des âges. Dans la lumière blafarde d’un néon, elle fume, cigarettes sur cigarettes pour mieux tuer le temps. L’illusion de se réchauffer les doigts. Gourds, comme après la tempête du mois de janvier. Elle s’en souvient. Il est parti, seul. Et elle seule, hélas. Demeure dans les murs qui s’effritent, s’écroulent où les romans de gare d’un autre temps lui permettent d’oublier. Une image aux couleurs passées, le portrait de Grace Kelly, qu’elle aurait voulu être. Juste avant sa fin tragique, pense t-elle. Serait-elle seulement capable d’être l’héroïne fragile d’une série B ? Elle boit un café fumant, brûlant qui lui pique la langue. Au moins la sensation d’exister.Elle a toujours aimé les clairs-obscurs. Elle se demande pourquoi. Ça la rend triste. Mais de la tristesse l’on vit. C’est ce qu’elle se dit, le regard absent, figé par la fenêtre aux toiles d’araignées. Araignées du matin chagrin. Il lui semble qu’il ne l’a jamais quitté. Certainement, le compagnon le plus fidèle. La brume se lève et reviendra bientôt grignoter les carreaux. Un morceau de plâtre qui se détache, un pas qui se creuse dans la terre boueuse. Entre la fumée de sa cigarette, la fumée du café. Il fait tellement froid dehors, puis dedans. Il est temps de partir, se dit-elle. Les morts ne se contemplent pas ainsi.

Tag(s) : #Textes
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